
Interview de l’Abbé Vincent Hauttecoeur, Supérieur de la Maison
Quelle est l’importance pour les jeunes hommes de vivre cette année de propédeutique ?
Les évêques ont souhaité proposer aux jeunes qui se posent la question de la prêtrise de faire une pause pendant les études ou la vie professionnelle avant d’entrer au séminaire. L’année de propédeutique est un temps « entre ». On est comme dans le narthex d’une église – on n’est pas encore dedans et en même temps on n’est pas dehors… . On va prendre le temps, avec le Seigneur. On va s’arrêter avec Lui. Est-ce que le Seigneur m’appelle vraiment ? Est-ce que je souhaite vraiment donner totalement ma vie au Christ ?
Est-ce une année obligatoire avant d’entrée au séminaire ?
Depuis le 8 décembre 2016, la propédeutique est devenue obligatoire. Avant, elle était fortement conseillée. C’est pour cela que le diocèse de Nanterre a ouvert la Maison Madeleine- Delbrêl en septembre 2006.
Comment entrer à la Maison Madeleine Delbrêl ?
Tout passe par les services des Vocations des différents diocèses qui nous envoient les jeunes. Cela permet aussi d’avoir un pré-discernement avant d’entrée en propédeutique, pour savoir si c’est le moment ou pas.
Chaque diocèse n’a pas sa
propédeutique, les jeunes se
retrouvent avec des jeunes
d’autres diocèses, ce qui permet
d’aller à la rencontre
d’autres réalités pastorales.
Cette année, dans la Maison,
il y a une très grande variété
d’âges. Cela va de 19 à 49 ans.
Ces deux points sont très enrichissants
dans la formation et
l’ouverture du jeune.
Quels sont les prêtres qui interviennent dans la maison ? Quelle est la formation ?
Ce sont des prêtres du diocèse de Nanterre qui enseignent, mais il y a aussi des femmes (laïques, vierge consacrée, religieuse, mère de famille). Tout au long de la formation, les jeunes revoient la totalité du catéchisme de l’Église Catholique.
S’ajoute également une première
approche des sacrements
et aussi une lecture globale de
la Bible durant l’année.
En parallèle des cours, il y a la dimension du « don pour les autres » qui fait partie de cette année de propédeutique : chaque semaine, ils vont en maison de retraite ou à l’hôpital rencontrer les malades pour un temps de prière, d’échange et de partage.
En février, ils passent cinq semaines
complètes auprès de
personnes handicapées, soit
à l’Arche, soit à la Maison de
Cyrène à Vanves. Ces différents
temps les enracinent dans le
don qu’ils doivent faire de leur
propre vie. C’est décapant et
nourrissant ! Chaque fois, ils en
ressortent enrichis d’un nouveau
regard. On les voit complètement
transformés. C’est un
temps très porteur.
Et puis, tout au long de l’année, il y a des retraites qui vont aider à confirmer ce désir d’être prêtre. Lourdes, au début de l’année puis, autour de la Toussaint, une retraite sur la lectio divina, lecture priante de la Bible pour prendre le temps de méditer la parole de Dieu. En décembre, nous partons en retraite d’initiation aux exercices de saint Ignace, une manière de se préparer à la grande retraite de trente jours, qui a lieu pendant le temps pascal.
Chaque jeune a bien évidemment
un directeur spirituel qui
l’accompagne tout au long
de l’année. C’est un prêtre du
diocèse de Nanterre. Pour ma
part, en tant que supérieur de
la maison, je ne peux pas être
directeur spirituel ; il faut que je
garde une certaine distance car
je dois poser un regard de discernement.
Au total, depuis sa création, la Maison Madeleine-Delbrêl a accueilli 80 jeunes.
Que se passe-t-il à la fin de l’année ?
À la fin de l’année, les jeunes doivent donner à l’évêque une réponse, à savoir s’ils souhaitent continuer ou pas. Il y a aussi le Conseil de la Maison, qui aide aussi au discernement et qui accompagne. En tant que supérieur de la Maison, je rends grâce à Dieu de voir et d’être témoin de l’éclosion de cet appel du Seigneur qui se déploie dans les jeunes qui me sont confiés et je rends grâce à Dieu de cette belle mission que l’évêque m’a confiée.
Tous, qu’ils continuent vers le
séminaire ou pas, disent merci
car ils se sont arrêtés, posés, et
maintenant ils voient mieux où
le Seigneur les attend.